HISTOIRE D’EBERSVILLER
FERANGE ISING LABRUCK
La commune d’Ebersviller est constituée du village d’Ebersviller, de l’ensemble Férange, Ising, Labruck et de l’ancien moulin de la Kreschmuhle. On citait déjà le village en 960 sous le nom d’Everonisvilla signifiant la localité d’Eber ou d’Eburo et non Eber le sanglier comme supposé par les héraldistes modernes qui ont choisi le blason communal.
Ebersviller a surtout été possession de différentes abbayes comme celles de Villers-Bettnach, Rettel ou Bouzonville et même celle de St Pierre de Metz qui échangea ses biens à Ebersviller avec des biens à Arriance au bénéfice de Faust de Stromberg.
Progressivement les choses se sont compliquées : des bourgeois messins devenant propriétaires, le duc de Lorraine étant haut justicier et confiant un fief à la famille von Blumenau au XIVe siècle. La famille d’Eltz de Freistroff s’implanta alors petit à petit directement ou par l’intermédiaire de la seigneurie de Château-Rouge au cours du XVIIe et en 1660, le baron de Koenigsfeld, autre seigneur de Freistroff, avait aussi des biens à Ebersviller. En 1708, la haute justice était lorraine, le foncier était partagé entre les barons d’Eltz, de Metternich et de Zandt alors que les dîmes étaient aux chartreux de Rettel.
La paroisse existait déjà en 1221 et le droit de collation était attribué à l’abbaye de Wadgassen. A la Révolution, le curé Klein refusa le serment constitutionnel et émigra ; il fut remplacé par le curé Henry, fervent républicain, qui signait ses actes de naissance « officier public » et devint maire d’Ebersviller en 1793 ; accusé par la suite de conspiration, il fut condamné à mort et guillotiné à Paris. Il faut retenir aussi le curé Dominique DURANT (1851-1875) qui eut la lourde tâche d’assurer le suivi du projet de construction d’une nouvelle l’église sous trois maires successifs dont au moins deux étaient opposés à cette construction ainsi qu’à celle d’une école pour les filles.
L’église actuelle date de 1879 et remplaça une construction de 1736. Le projet rencontra beaucoup de difficultés pour être mis en place et par la suite la réalisation se révéla désastreuse à cause de multiples malfaçons entraînant des actions judiciaires contre l’entrepreneur et contre l’architecte. Ce fut le nouveau curé, l’abbé Kremer, qui avec un nouveau maire mena à bien l’ambitieux défi. Les grandes orgues datent de 1896 et sont l’œuvre de la manufacture Dalstein-Haerpfer de Boulay ; c’est un instrument exceptionnel de 25 jeux.
Au XIXe, le ban couvrait 1407 hectares dont 622 de terres labourables, 634 de forêts et 3,4 de vignes. Comme dans beaucoup de communes, un remembrement des terres fut effectué après la guerre de Trente Ans en 1691. Les forêts couvraient donc presque la moitié de la superficie communale ; on notera aussi la présence d’un vignoble notoire. Depuis la Révolution, la population d’Ebersviller évolue entre 1145 habitants et 472 en 1968. La reconstitution de familles du cercle généalogique a mis en évidence une activité importante dans la commune, entre 1750 et 1850, avec les enfants mis en nourrice par des particuliers ou par l’hôpital St Nicolas de Metz, ce fut presqu’une industrie.
Vu l’importance du village, on dut se pencher, au XIXe siècle, sur la séparation des sexes à l’école et comme pour l’église cette question donna lieu à une joute épique entre le maire, opposé à la dépense, et le curé défendant la morale et soutenu par l’Inspection académique.
Il faut aussi rappeler l’impact de la ligne Maginot sur la commune d’Ebersviller avec diverses implantations comme l’entrée du Michelberg, l’abri Bilmette, les casemates du Hubnerbusch, la casemate d’Ising et l’abri du bois de Férange sans oublier le camp installé à Férange.
Férange est connu depuis 1137 sous le nom de Viringen. Au XIIe siècle, l’abbaye de Bouzonville avait des possessions et la seigneurie de Boulay en 1580 déclarait que le duc de Lorraine y était le seul souverain grâce à la seigneurie de Sierck et qu’il partageait le foncier avec les seigneurs de Château-Rouge, de Bisbach et de Dullange en tant qu’héritiers des seigneurs de Volmerange. Il semble qu’anciennement Férange était partagé entre les abbayes de Rettel et de Mettlach dont la part revint ensuite à Boulay. En 1707, la population de Férange était de 83 personnes mais avec 46 enfants ce qui met en évidence cette période de relance après la guerre de Trente Ans et ses suites. Il y avait une école à Férange au moins depuis la Révolution et un moulin était déjà cité en 1317.
Ising était aussi une localité autonome connue depuis 1580, la seigneurie de Boulay déclarant alors que Sierck (le duc de Lorraine) y avait toutes les justices mais en 1707, le foncier était partagé entre le baron d’Eltz et M. Dostang alors que les dîmes allaient aux chartreux et à M. Koeller. En 1707, Ising comptait 52 habitants avec Labruck.
Le moulin de Kreschmuhle dont le nom signifie moulin à son, est cité à partir de 1808 et il fonctionna jusqu’à la seconde guerre mondiale comme moulin à farine pour devenir après une exploitation agricole, ravagée en 1984 par un incendie.
La Société d’Histoire et d’Archéologie des Pays de la Nied Hôtel Communautaire 29A rue de Sarrelouis 57220-BOULAY a édité un fascicule sur Ebersviller, Férange, Ising et Labruck de 70 pages et vendu 18 euros (+ 6€ pour frais d’envoi).
Chèque libellé à l’ordre de la SHAN