HISTOIRE de DENTING (57)
DENTING
Histoire d’un village rebelle
Le village de Denting a la particularité d’avoir l’histoire d’une enclave dans le duché de Lorraine dépendant du comté de Créhange et donc de l’empereur romain germanique. Le cas était identique pour Momerstroff et la partie Sud de Niedervisse.
A l’origine, la localité se situe autour de l’église de Welling qui fut sans doute une des premières paroisses du secteur, peut-être même antérieure à Varize et à Boulay. Progressivement les habitations s’installèrent dans la vallée du Kaltbach et l’église resta seule sur le plateau avec quelques maisons, si bien que lorsqu’il fallut rétablir l’église paroissiale qui avait beaucoup souffert du temps et des guerres, les habitants réclamèrent que leur chapelle soit érigée en église mère ce qui fut fait en 1717.
Les seigneurs de Denting avaient été tout d’abord de la famille de Fénétrange ; les droits passérent ensuite entre les mains de Jean de Varsberg qui, étant mort sans héritier en 1284, transmit ses biens à ses neveux dont l’ancêtre de la lignée de Créhange et celui des Dagstuhl qui gardèrent la seigneurie en partage jusqu’à la Révolution : deux tiers pour les Créhange et un tiers pour les Dagsthuhl. Par la suite, les mariages apportèrent les biens du comté de Créhange à la famille du comte de Wied-Runkel tandis que la part de Denting des Dagstuhl passait à la famille Sotern. La commission d’héraldique moderne a choisi de faire figurer dans le blason de la commune de Denting une partie Créhange et une partie Sotern.
Au XVIIIe siècle, l’ensemble des villages du comté de Créhange refusa de participer au tirage au sort pour la conscription avant que le comte ne justifie les ordres et les impôts réclamés. Le village de Denting fut particulièrement en pointe de la contestation et le conflit dura jusqu’à la Révolution avec occupation armée des villages rebelles sans obtenir qu’ils se rendent mais ils avaient la possibilité de mettre leurs personnes et leurs biens à l’abri en passant en Lorraine. Le comte essaya vainement de vendre son comté à la France pour sortir de sa situation enclavée territorialement. Il fallut attendre la Révolution pour que Denting devienne français. Denting prônait alors l’amitié avec les Français tout en réclamant la conservation de ses particularismes. Il n’y eut jamais de réponse à ses requêtes et la commune fut noyée dans la république. Pourtant les habitants défendirent âprement leurs droits de pratiquer la religion catholique d’abord en jouant sur l’extraterritorialité puis après l’annexion en résistant ouvertement aux lois antireligieuses protégeant un prêtre originaire du village, l’abbé Laglasse, en allant jusqu’au coup de feu lorsque cela était nécessaire.
L’église actuelle a été reconstruite en 1791 et avait été financée par les décimateurs le comte de Créhange et l’abbesse de Fraulautern qui s’étaient faits beaucoup prier pour en arriver là. La reconstruction fut totale mais on conserva le clocher cylindrique de l’ancienne église jusqu’en 1890.
La commune de Denting abritait une communauté juive d’environ 50 personnes. Ils avaient un cimetière à la sortie vers Coume mais la synagogue était celle de Niedervisse. Après la Révolution, les juifs quittèrent Denting pour la ville et le dernier partit en 1875 pour Boulay.
Un chapitre particulier de l’histoire de Denting est lié à la Seconde Guerre Mondiale. Le ban communal était traversé par l’assise de la ligne Maginot qui se concrétisa sur le terrain par l’ouvrage A 28, composé de 3 blocs de combat vers Ottonville. De l’autre coté du ban, vers Niedervisse, fut implanté, au Ban Saint Jean, un camp militaire. Après l’armistice, il abrita d’abord des prisonniers de guerre français puis en 1942, il fut transformé en camp de concentration pour les prisonniers soviétiques et en particulier ukrainiens. Les mauvais traitements et le manque de nourriture firent beaucoup de victimes mais leur nombre reste encore à préciser.
La Société d’Histoire et d’Archéologie des Pays de la Nied (Hôtel Communautaire 29A rue de Sarrelouis 57220-BOULAY) dispose d’un fascicule de 75 pages sur l’histoire de Denting et de ses annexes au prix de 18€ (+6€ frais d’envoi) à régler par chèque à l’ordre de la SHAN
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